MERELLO | Les pensées d’un peintre.
PENSÉES SUR L'ART.
."LA VIE SECRÈTE DE LA PEINTURE.
La peinture est un état d'esprit, "un état d'âme" dit Joaquín Sorolla. Le
peintre qui fait de son travail un art de vivre peint toute la journée, tous les
jours. Il peint même quand il ne peint pas. Quand il dort, il peint, quand il
regarde, il peint. Le don d'être peintre a caché le poison et la douce charge du
dédication totale et de la consécration. La peinture est difficile et exige
l'attention absolue de l'esprit et de la main dans l'observation froide, calme
et constante. Il faut être capable de conserver d'énormes quantités de
combinaisons de couleurs, d'espaces et de lignes. Il est essentiel de se doter
d'innombrables ressources techniques, d'une connaissance précise des matériaux
et de tout garder vivant et à jour afin de pouvoir l'utiliser au moment le plus
inattendu. Mais même si vous avez tout cela bien graissé et à jour, vous courez
toujours le risque énorme de ne pas savoir comment vous arrêter à temps. Le
moment le plus critique pour un peintre est de décider quand il est temps de
terminer une peinture.
En peinture, il est plus facile de pécher par excès que par défaut. Et c'est
pourquoi je ne trouve rien de plus fascinant que d'attendre que le tableau vous
parle, qu'il finisse de peindre, silencieusement et encore. Cet instant délicat
peut se produire à l'endroit le plus inattendu et au moment le plus inopportun
et exige d'être vigilant et de savoir comment l'attraper à la volée. J'ai
toujours eu l'habitude de passer de nombreuses heures à peindre sans peindre, en
regardant mes tableaux, placés partout, ou même en me souvenant d'eux, en les
vivant, pendant que je marche dans la rue ou dans tout autre lieu et
circonstance : j'essaie de les écouter avec un esprit frais, comme s'ils
n'étaient pas les miens mais le travail d'un ennemi, avec froideur et même avec
mépris plusieurs fois, et, par miracle, à cette distance naît notre propre vie
secrète du tableau qui décide par lui-même que celui-ci est déjà et que ça
suffit pour nous expliquer soi. Quand je suis submergé par une peinture et que
le dialogue avec son monde devient une bataille, alors je la laisse isolée,
isolée dans un coin et à la fin du temps -des jours, des mois, voire des
années-, quand je la sauve enfin, je remarque avec émotion comment parfois la
punition devient pardon et comment de là vient la découverte étonnante de
l'œuvre qui a su se finir dans la solitude. A ce moment-là, rendu, vous admettez
que le tableau ne vous appartient plus. Cela fait partie de la magie de l'art de
la peinture.
C'est peut-être l'inspiration. La lumière qui se cache derrière un processus
mental, une équation non écrite de centaines de paramètres qui se résout souvent
dans l'espoir, qui sait, qu'un jour la science parviendra à emprisonner l'ADN
qui bat sous la magie de l'art."© José Manuel Merello
« L’art ne dépends pas de moral, ne comprends pas d’étique. C’est bien l’être humain qui doit mettre le holà à certaines formes d’art qui peuvent être nuisibles à la planète ou à la coexistence. Il est convenable de les éviter si elles sont préjudiciables, même s’il on parle d’un chef- d’œuvre d’art. Néanmoins, on ne doit pas l’interpréter comme une manière de censure arbitraire, ni comme un discours moralisateur religieux, sexuel ou politique qui s’impose à l’auteur, mais comme une simple question de survivance dans le monde des arts extrêmes. L’agonie et la mort lente d’un chien, exposées dans une galerie d’art, par exemple, dépassent toutes les limites. L’art est comme la nature, libre et brutale : un ouragan merveilleux qui a la force de nous tuer. Et surtout, il faut jamais l’oublier » © José Manuel Merello
« Le cadre est au bon tableau ce que la robe est à une belle femme nue. Il n’est pas indispensable, mais il le rehausse et donne à l’œuvre toute sa grâce. »© José Manuel Merello
« Je déteste une grande partie du minimalisme qui se pratique aujourd’hui dans tous les arts, J’ai bien peur que sous la surface de cette supposée synthèse ne se cache énormément de saletés et de choses inutiles qui ne font que tromper le public, parfois ignorant et innocent, mais bien souvent composé d’insupportables pédants qui n’y comprennent rien ni ne savent de quoi ils parlent. »© José Manuel Merello
« Moi je prêche pour des peintres humbles. La peinture n'a pas besoin de tant de cirque, ni d'autant de prétention intellectuelle. Elle doit naître de l'âme pure de l'homme, de l’œil clair et impartial du peintre, même lorsqu’il ne s’agit que de peindre une simple pomme. C’est pour cela que j’apprécie tant Morandi. »© José Manuel Merello
« La Peinture Abstraite et la Peinture Surréaliste, en plus d’être essentielles et merveilleuses en elles-mêmes, remplissent aujourd’hui un rôle pédagogique qui n'a pas de prix, et ce pour n’importe quel artiste. Elles font désormais partie de l’Art Classique et sont devenues Patrimoine Artistique pour la Formation Spirituelle et Technique de l’Artiste. Elles sont une véritable gymnastique pour le subconscient et pour l’œil, lieux par excellence où se forgent presque toutes les sensations et les émotions spirituelles qui finalement construisent cette chose incommensurable et grandiose que l’on appelle L’ART de LA PEINTURE. »© José Manuel Merello
« Le dessin ne se
caractérise pas par la ligne, ni la peinture se caractérise par la couleur. La
peinture garde plus ou moins son essence et, celle-ci c’est partiellement sa
définition actuelle car elle peut être assimilée et comprise grâce à un moniteur
ou à une photographie. Par contre, le dessin c’est énormément bien assimilée par
ces moyes ; selon moi et, fétichismes à part, ça m’est égal d’avoir un dessin
original de n’importe qui, ou sa photographie ou son poster. C’est la même chose
et on peut s’en amuser également. Un cas similaire, c’est la lecture d’un bon
livre dans une ou autre édition. Tout comme une photographie développée pour la
seconde ou la dixième fois. Quand le fétichisme et la plasticité ne font pas
partie de cet enchaînement, tous ces supports nous font toucher la grandeur -ou
misère- de l’œuvre. Pourtant, en peinture il faut mettre en relief ce qu’il y a
de plasticité, de plastique, de morbide, d’opacité ou de transparence, de
surface brillante ou mate… voici des qualités impossibles à transmettre avec le
moniteur d’un ordinateur, avec un téléviseur ou un poster. Ce qui est digital,
au lieu de casser les arts, magnifique tous ses attributs et dans ce cadre,
c’est la peinture qui gagne parce qu’aujourd’hui, c’est impossible de bien
déguster Les Ménines dans une image. Ce n’est pas possible de sentir le vide de
la pièce où Velazquez peint, c’est immensément difficile à percevoir la coquille
ancrée de la couche picturale du tableau. C’est inutile aussi à se tourner et
essayer de la voir de côté afin de distinguer les protubérances et la peinture
striée du génie de l’art. Et on ne peut pas s’arrêter avec les tableaux de
Tapies, ou de Lucian Freud, ou de Jasper Johns… La couleur et la disposition des
formes peuvent nous transmettre beaucoup, bien sûr, mais elles ne suffissent pas
pour spécifier la plasticité du tableau. Voilà. Tout cela c’est la Peinture.
De même, et pour cela, il existe la peinture sans couleur, composée seulement
par la ligne et la plasticité et, il existe également, le dessin rempli d’une
saturation impensable de la couleur et sans lignes. Alors, dans cette
hiérarchie, est-il pire la couleur que la peinture ? Non. À mon avis, rien n’est
un obstacle et tout est un progrès. L’ordinateur et les logiciels de peinture et
de dessin sont des nouveaux crayons et pinceaux qu’on peut ajouter à notre
collection afin de mieux travailler. Il s’agit de plus de matériels et des
moyens pour aider aux peintres dans son travail. Mais, attention, pendant que la
plasticité digitale, ou quoi qu’il s’appelle, existe, il faut oublier l’idée de
vendre des tableaux à partir de photographies ou de visiter des musées en ligne.
On peut garder une toute petite idée, on peut entrevoir l’issue, mais le
battement fétichiste reste au musée aussi comme le pressentiment de ce qui est
unique et qui n’admet pas de copie.
Les cas de la peinture est semblable à
celui du théâtre avec le cinéma. Le cinéma est un art en majuscules, il est un
nouveau format conquis par les muses dans le but d’élever l’esprit de l’être
humain au plus sublime. Le cinéma est aussi fort et intense que les autres arts.
Mais, malgré tout, ce que lui différence du théâtre et des arts scéniques (la
danse, la mimique, la tauromachie etc.) c’est exactement ce « je ne sais quoi »
qui définit le théâtre : ce qui est direct. La tridimensionnalité qui enveloppe
le spectateur dans un moment unique, dans une interprétation unique,
extraordinaire ; l’odeur exact, le cri, et la modulation correcte, mais aussi
différente dans chaque mise en scène ; la vision réelle de l’acteur, le
fétichisme de sa présence et de la présence dramatique du sentiment qui détient
le dramaturge. Tout ressemble de manière étonnant aux rides des peintures, à
l’apparition toujours différente des peintures, à la dépendance qui présente la
peinture du temps et, celui-ci la modèle avec l’humidité, les fissures, et les
décolorations. Le théâtre est vif et la peinture est aussi vive. Mais, est-ce
que cela veut dire qu’un tableau est supérieur à l’art de la photographie ou à
un poster d’un bon dessin ? Alors, est-ce que c’est pareil pour le théâtre et le
cinéma ? À mon avis, le théâtre n’est pas supérieur au cinéma, pourtant, il ne
pourra jamais nous emmener par des chemins impossibles comme le fait le cinéma.
Un dessin digital ou une photographie forment des jeux et des expressions que la
peinture ne peut pas atteindre. Par contre, le théâtre et la peinture capturent
le charme de ce qui est direct, de l’instante glorieuse, comme l’ensorcellement
de l’auteur interprète qui semble vous chanter et seulement à vous. Et
peut-être, ce n’est pas supérieur mais… quelle classe ! ©
José Manuel Merello
Surréalisme et effet Dali-Magritte.
Ma peinture, n’est pas-t-elle surréaliste ? Quand un vase ne se posse sur une
table mais il gravite, ou quand le chapeau que je dessine à une femme, devient
le soleil dans le crépuscule, là je suis en train de faire du surréalisme. Ça
peut être mieux ou pire, mais en tout cas, c’est le surréalisme. Quel ennui et
quelle baliverne avec l’idée d’une peinture surréaliste qui doit être gommeuse
comme un chewing-gum, lamineuse, avec de dégradés toujours mous et qui doit
avoir des astuces de prestidigitateur qui cachent des culs dans des pommes ou
qui traversent ses femmes avec des voiles vaporeux de sirène et des éclats
nucléaires de planètes symphoniques. Ce n’est pas ça. Le talent de Salvador Dalí
et de René Magritte, parmi d’autres, est énormément puissant entre les peintres
fanés qui n’ont pas su, ni savent les comprendre et qui abusent de leur héritage
en les dénaturant et les affaiblissant. Et voilà comme se détourne ainsi une
manière de faire du surréalisme, à cause d’une technique obligée. Parfois je
suis surréaliste, mais je suis aussi un expressionniste, et je prends un peu de
pop art si ça m’arrive, et je le dépose dans un coin de mon tableau. Je peux
dessiner un tableau surréaliste sans laisser de côté ma technique ni ma marque
expressionniste. Je peux être aussi pop en employant des couleurs rugueux sans
répétitions réchauffées des marylines et des filles « velazquiènnes » de
demi-chevelure : J’en fais qu’à ma tête. Aujourd’hui la peinture est le légat
puissant hérité depuis des siècles, libre et ouvert et chaque peintre peut
utiliser tout ce qu’il aime et tout ce dont il a besoin. Sans fondamentalismes
techniques. À bas les dictatures planétaires, de la fantaisie, du monstrueux, du
minimal radical, du pop art toujours soupière et phosphore, et à bas
l’hyperréalisme de l’eternel chemin de fer et l’impressionnisme du coup de
pinceau fugitif parce que ça nous chante. Heureusement, de temps en temps il
apparaît un homme de l’envergure de Edward Hopper, par exemple, qui nettoie
toute la peinture et sa technique d’autant de médiocrités et prétentions,
jusqu’à la nudité et cristallinité de sa pure essence et actualité, au plus pur
style de Alfred Hitchcock. Et libre. © José Manuel Merello
« Un bon dessein ne dessert en rien une bonne peinture. J’ajouterais même, que
derrière tout tableau se cache nécessairement un dessin qui lui donne vie, un
squelette qui lui donne forme et constitue l’essence autour de laquelle
s’organise son mouvement. Les tableaux dépourvus de cette base restent sans
éclat et semblent ternes. »
« Tout le monde se demande ce qu’est l’art. Moi,
je pense que l’art s’applique à toute création humaine qui réussit à élever
l’esprit à un stade supérieur d’émotion et de surprise. C’est pourquoi je ne
considère pas la cuisine comme un art, pas plus que le football, la couture ou
la mode… »
« La peinture espagnole a su conserver tout au long des siècles un
regard serein et mélancolique : elle peut être tragique mais jamais violente. Il
n’existe aucune peinture espagnole qui soit violente. Ni le plus cruel des Goya,
ni le plus épouvanté des Picasso n'a jamais perdu la mesure et l’élégance dans
la maîtrise de son pinceau. » © José Manuel Merello
« La peinture espagnole garde tout au long des siècles un regard clair et mélancolique : tragique mais jamais violent. Il n’existe pas de peinture espagnole violente. Ni le plus féroce Goya, ni le plus épouvanté Picasso, n’ont jamais perdu leur maintien, ni leur classe avec leurs pinceaux. » © José Manuel Merello
ART MODERNE. ART
ACTUEL.
Le Tailleur de Van Gogh. (92 x 73 cm).
ART 21e SIÈCLE. XXIe SIÈCLE PEINTURE. ART MODERNE. ART ACTUEL.
ART ESPAGNOL. PEINTURE MODERNE. PEINTURE
ESPAGNOLE CONTEMPORAINE.
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